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Nutrition & santéVeaux & Génisses

Comment bien nourrir mes vaches taries pour produire un colostrum de qualité ?

par Jérôme LARCELET

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Le colostrum qui par définition correspond au lait de la 1ère traite se distingue par ses propriétés nutritionnelles, immunitaires et de croissance (hormones et stéroïdes) spécifiques qui vont impacter toute la carrière de l’animal. Pour obtenir le meilleur colostrum possible, > 80g IgG/L, les facteurs sont multiples mais la conduite du tarissement reste essentielle tout comme les pratiques après vêlage.

Le colostrum : bien plus que des anticorps 

Outre sa richesse en anticorps qui permet un transfert d’immunité passif entre la vache et le veau, le colostrum se caractérise également par sa teneur 3 fois plus élevée en énergie, qui aide au maintien de la température corporelle du nouveau-né. Les teneurs en minéraux, vitamines et oligo-éléments, sont également 2 à 10 fois plus élevées que celles du lait, et sont indispensables au maintien en bonne santé du veau. Le colostrum contient aussi d’autres éléments comme des hormones de croissance ou stéroïdes, indispensables à la stimulation et au développement des différents organes et métabolismes chez le veau.  Les futures productrices se préparent dès la naissance.

La préparation au vêlage : une phase clé pour produire un bon colostrum

Le tarissement doit faire l’objet d’une attention particulière car l’enjeu est de taille. Quel que soit le troupeau, l’environnement ou la saison, les besoins et les objectifs sont toujours les mêmes. La phase de préparation, 3 semaines avant vêlage mérite de la rigueur car c’est sur cette période que tout va se jouer et que débute la formation du colostrum et le transfert des IgG.  

 

Début de tarissement

Préparation vêlage

UFL /jour

8-9

10-11

PDI g/jour

850

950-1100

% MAT

11-12 %

14-15 %

% Amidon

< 20 %

% CB

> 20 %

% NDF

> 40 %

BACA mEq/Kg MS

/

< 0

 

Les IgG recherchées dans le colostrum sont des protéines solubles. Pour en avoir une bonne concentration, il est indispensable d’apporter un niveau suffisant en protéine, autour de 1000 g PDI/jour, en préparation vêlage.

La complémentation en oligo-éléments joue un rôle majeur dans la qualité du colostrum, en particulier l’iode, le sélénium et le zinc. Une supplémentation en sélénium permet d’accroître la teneur en anticorps du colostrum et d’assurer un meilleur transfert immunitaire.  

La production d’AGNE (acides gras non-estérifiés) issus de la dégradation des graisses lors d’amaigrissement a cependant un effet négatif sur la synthèse des anticorps. Il est donc fortement déconseillé de faire maigrir les vaches au tarissement.

 

Et la vaccination ?

La vaccination permet, lorsque l’alimentation, le parasitisme et les oligo-éléments sont maitrisés, de stimuler la production d’anticorps spécifiques. Elle doit être raisonnée en fonction des pathologies rencontrées dans l’élevage. Une vaccination sans complémentation ou trop proche du vêlage est bien souvent inefficace et décevante.

Collecter rapidement pour conserver sa qualité 

Le colostrum le plus riche est dans les premiers litres. L’objectif est de garder le colostrum dans la mamelle jusqu’au vêlage. Veillez donc aux génisses têteuses, aux veaux voleurs ou aux pertes de colostrum avant vêlage pouvant être liées à des défauts d’apports en minéraux.

 

Le prélèvement doit être réalisé le plus tôt possible, dans les 6 premières heures après vêlage. La concentration en IgG diminue rapidement au fil des heures (-25 % d’IgG entre une traite dans les 2 heures ou 10 heures après). En parallèle le veau doit aussi consommer rapidement après sa naissance car sa muqueuse intestinale permet une absorption optimale des anticorps dans les premières heures de vies (< 60 % d’absorption après 6 heures).

Attention à l’hygiène… soigner le prélèvement 

Un colostrum de qualité, c’est aussi un colostrum avec un niveau de germes le plus bas possible. Il faut éviter de transférer au veau des millions de bactéries dès la naissance.  Pour cela, l’hygiène est primordiale en commençant par les trayons de la vache, mais les mains du préleveur, le matériel de prélèvement et de distribution doivent aussi être irréprochables. Une pollution bactériologique du colostrum peut diminuer jusqu’à 20 % l’absorption des IgG par le veau.

 

Attention, la pasteurisation (63°C pendant 30 minutes) permet de baisser fortement le nombre de bactéries pathogènes mais entraîne aussi une diminution des IgG de 12 à 25 % selon le volume chauffé. A savoir également que la décongélation engendre une perte en IgG de l’ordre de 10 à 30 % en fonction de la technique employée.

 

L’obtention d’un colostrum de qualité demande de la rigueur avant et après vêlage. Un investissement au tarissement sur la phase de préparation vêlage peut vite être dilapidé par une mauvaise maitrise de la collecte du colostrum après vêlage.

 

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