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Médecines complémentairesVeaux & Génisses

Soigner la toux avec de l’eau ? Mais quelle idée bizarre !

par Dr Joannick DORSO

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Bizarre cette idée ? Pas tant que ça si on s’intéresse à l’homéopathie ! En effet, il est fréquent d’entendre que l’homéopathie ce n’est que de l’eau, et ce n’est pas totalement faux car si on ignore encore parfaitement les mécanismes mis en œuvre lors de l’usage de remèdes homéopathiques, les pistes de la mémoire de l’eau ou de la physique quantique sont aujourd’hui privilégiées.

 

Mais ne rentrons pas dans le vaste débat des pro contre les anti-homéo, là n’est pas le sujet. Il s’agit uniquement de constater que dans certains élevages de ruminants, l’utilisation précoce d’un complexe homéopathique en cas de toux sur les jeunes animaux permet d’atténuer voire de faire disparaître celle-ci sans avoir recours à des médicaments conventionnels (antibiotiques et antiinflammatoires). Mais pourquoi ?

Avant d’essayer de comprendre ce choix, il est important de rappeler que les affections respiratoires des jeunes ruminants induisant de la toux parmi les premiers signes cliniques, sont fréquemment virales et/ou bactériennes chez les bovins (l’un compliquant souvent l’autre) et presque exclusivement bactériennes chez les petits ruminants. Le traitement basé sur les connaissances scientifiques est donc logiquement fondé sur l’utilisation d’antiinfectieux (les antibiotiques) et d’anti-inflammatoires. Or ces médicaments sont coûteux d’une part (la marge sur les produits agricoles étant de plus en plus mince pour les éleveurs c’est un critère à prendre en compte), ils sont susceptibles de laisser des résidus dans la viande (important à considérer lorsque les animaux sont destinés à la consommation humaine, certains antibiotiques imposent des délais d’attente supérieurs à 200j) et de toute façon, la pression sociétale (et l’Europe) pousse vers une réduction toujours plus importante des antibiotiques.

L’homéopathie fait donc partie des solutions complémentaires utilisées par les éleveurs désireux de #faireautrement. Par rapport aux solutions conventionnelles, il n’y a aucun risque de résidus puisque les doses sont infinitésimales (c’est d’ailleurs pour cela que la « science » estime qu’il s’agit d’un placebo, la médecine allopathique se fondant uniquement sur les doses et leur toxicité), le coût est par ailleurs extrêmement modéré puisqu’une solution homéopathique peut être diluée à l’eau de boisson ou dans l’alimentation, elle peut même être pulvérisée sur les naseaux, l’important étant que l’information envoyée à l’organisme soit mise au contact d’une muqueuse (on estime à moins de 1€ par animal le coût d’un traitement homéopathique lorsque celui-ci est utilisé dilué).

Un éleveur formé et habitué à la méthode homéopathique utilisera tel ou tel remède en granule, mais le plus souvent et par souci de simplicité, les éleveurs ont recours à des solutions toutes prêtes composées de plusieurs remèdes associés (des complexes homéopathiques). Un seul médicament homéopathique vétérinaire est présent sur le marché français (BRONCHORYL® BOIRON) mais on voit utilisé en ferme des complexes homéopathiques destinés à l’homme (L52® LEHNING par exemple). Dans ces produits on va classiquement retrouver plusieurs remèdes homéopathiques destinés à gérer différentes formes de toux : IPECA, ACONITUM NAPELLUS ou DROSERA ; mais aussi des remèdes plutôt destinés à combattre l’inflammation comme BRYONIA, BELLADONNA ou PULSATILLA. A noter qu’en théorie, seuls les médicaments vétérinaires peuvent être légalement utilisés chez les animaux de rente, en outre ils sont libres de prescription c’est-à-dire qu’ils peuvent être délivrés sans ordonnance.

De manière pratique les éleveurs pratiquant l’homéopathie diluent environ 10ml de solution dans 150 à 200ml d’eau non chlorée et vont « sprayer » cette préparation sur l’alimentation et le mufle des jeunes animaux à traiter matin et soir pendant 5 jours. Des résultats sont observés sur les animaux en tout début d’affection, on observe un effet curatif précoce. Il est déconseillé de mettre en œuvre cette méthode seule sur des animaux déjà essoufflés ou présentant une forte hyperthermie.

 

Alors oui, peut-être que ces animaux traités très précocement auraient pu se soigner tout seul, sans aucun traitement, mais peut-être aussi aurait-ce fini en traitement collectif type métaphylaxie avec un coût important et un fort usage des antibiotiques ? Le tout d’après moi est de se fixer des limites : l’homéopathie peut être un traitement de première intention sans danger pour le consommateur et peu onéreux mais il ne faut pas hésiter à utiliser l’arsenal thérapeutique conventionnel lorsque les affections sont graves ou que l’homéopathie ne suffit pas.

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