Des signes précurseurs à analyser
Avant 1 mois d’âge, les pathologies du jeune veau sont notamment dominées par les diarrhées alimentaires ou infectieuses (à rotavirus, coronavirus, colibacilles, etc.) et à la présence de plus en plus fréquente d’un parasite : le cryptosporidium (responsable de la cryptosporidiose).
Dès l’accès au pâturage, les génisses sont confrontées aux strongles herbagers digestifs et/ou respiratoires bien connus des éleveurs. Mais entre 1 mois et 6 mois d’âge (avant la sortie à l’herbe), les génisses peuvent également être atteintes par des nématodes (parasites dits « d’intérieur ») sous diagnostiqués. Sur un lot de génisses entre 1 et 6 mois d’âge, amaigries, aux matières fécales ramollies, à l’état corporel dégradé et au poil « piqué » ou avec des troubles respiratoires frustres (dus à Strongyloides), il faut penser à vérifier la présence de ces nématodes, après que les causes alimentaires (la subacidose ou l’excès d’azote de la ration), la coccidiose et le stress thermique aient été écartés. Une simple analyse de matières fécales - coproscopie – permet de les mettre en évidence.
Sous diagnostiqués, et pourtant présents
L’incidence zootechnique et sanitaire de ce parasitisme d’intérieur aurait décuplé en 20 ans. Cette augmentation serait en partie attribuable à l’accroissement de la taille des cheptels, l’étalement des vêlages, l’augmentation du temps d’occupation des bâtiments, la cohabitation fréquente d’âges différents sous le même bâtiment et l’absence fréquente d’un véritable vide sanitaire.
Les anticorps transférés par le colostrum de la mère protègent peu contre ces parasites et le jeune animal doit acquérir sa propre immunité au fur et à mesure du contact avec ces agents. Cette immunité peut être « dépassée » si la pression parasitaire du milieu s’avère importante.
Ces parasites entrainent également une immuno-modulation et constituent de fait un puissant facteur initiateur ou amplificateurs d’autres pathologies (coccidiose, troubles respiratoires, etc.).
Un traitement antiparasitaire curatif sur le lot concerné puis préventif sur les futurs lots d’animaux permet de maitriser les infestations. Ces traitements relèvent de l’avis et la prescription de votre vétérinaire traitant et doivent s’accompagner d’une hygiène soignée de l’aire paillée, d’un curage fréquent et du respect d’une densité animale adéquate.
Ces nématodes prédominants à rechercher sont les ascaris, strongyloïdes et les trichures. Leur principales caractéristiques sont présentées dans le tableau.
Il n’y a pas des parasites que sur les pâtures : pensez-y !
Principaux nématodes d’intérieur | Fréquence | Sources de contamination | Symptômes | Prévention |
Ascaris (Toxacara vitulorum) | - Peu fréquent en élevage laitier (plus fréquent sur les allaitants) - Entre 3 et 6 semaines d’âge | - Surtout par le colostrum des mères (voie orale) - Possible par la litière | - Alternance diarrhée / constipation - Ballonnement - Mauvais état général | - Paillage et curage fréquent - Vide sanitaire et désinfection du - Limiter l’humidité et la densité animale
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Strongyloïdes (Strongyloides vituli) | - Fréquent (25 % des élevages) - Surtout entre 3 et 6 semaines d’âge | - Colostrum des mères (voie orale) - Litière accumulée (voies orale et transcutanée) | -Amaigrissement - Diarrhée - Lésions cutanées localisées /démangeaison - Toux sèche passagère | |
Trichures (Trichuris globulosa) | - Assez fréquent (résistance de l’œuf dans l’environnement) - Entre 4-6 mois et 1 an | - Bâtiment : surtout milieu chaud, aéré et humide (voie orale) | - Diarrhée - Dénutrition - Anémie - Perte GMQ - Hétérogénéité des lots |