Une idée reçue consiste à penser que l’herbe est préjudiciable à la reproduction, que ce soit chez les vaches comme chez les génisses. Or, la surmortalité embryonnaire due à un excès d’azote soluble n’a jamais été démontrée scientifiquement. Au contraire, des travaux menés notamment au Haras du Pin et au Rheu dans les années 2000 ont montré qu’une ration à l’herbe régulièrement consommée permet d’obtenir d’aussi bons résultats qu’une ration dite hivernale
Quels facteurs prendre en compte lors de la reproduction ?
C’est en effet la variabilité de l’ingestion due aux conditions climatiques ou aux changements de parcelles qui va pénaliser la fertilité. Bien que la génisse, par définition, ne soit pas en production et ne puisse par conséquent pas être pénalisée ni par un déficit énergétique ni par une infection utérine, des conditions d’alimentation dégradées peuvent diminuer les chances de gestation.
Il en découle que si les génisses atteignent les 400 kg au cours de la saison d’herbe, leur mise à la reproduction peut être raisonnablement envisagée si :
La transition avec la ration donnée en bâtiment est achevée,
Les conditions climatiques permettent de penser que l’ingestion de l’herbe en ration unique est - régulière et donc la valorisation correcte,
Un apport de foin voire d’ensilage de maïs peut être envisagé, pour compenser une diminution de la disponibilité en herbe (moins de pousse du fait de l’avancement de la saison ou conditions climatiques dégradées).
Il faut rappeler que les dépôts de tissu adipeux sont les ennemis de l’éleveur de génisses, que ce soit au début comme à la fin de la gestation : le gras autour de l’appareil reproducteur pénalise la fertilité, et celui autour du vagin peut entrainer des difficultés de vêlage pour une primo parturiente ; par ailleurs, le GMQ d’une génisse laitière consommant de la bonne herbe de printemps (1 UFL, 1 UEL) peut atteindre parfois jusqu’à 1200 g / jour, ce qui est totalement décalé par rapport au GMQ moyen recherché entre le sevrage et la mise à la reproduction, c’est-à-dire 700 g / jour. Par conséquent, si la génisse sort en pâture par exemple à 350 kg, et que la mauvaise réputation de l’herbe pour la fertilité, ou bien le respect d’une période de vêlages, incitent à retarder la mise à la reproduction de plusieurs mois, on peut avoir une génisse ayant déposé trop de tissu adipeux autour de son appareil génital et donc voir sa reproduction pénalisée.
L’observation des chaleurs, suivant les conditions, peut s’avérer facilitée chez les génisses au pâturage. La disponibilité en surface et donc l’exercice, la luminosité, la bonne qualité de l’herbe, sont des facteurs qui concourent à une bonne expressivité des chaleurs ; mais l’éleveur n’a pas forcément ses animaux en visuel au bon moment, par conséquent des aides à la détection peuvent s’avérer utiles : marqueurs de chevauchement ou activitémètres.
Il convient enfin de bien gérer le parasitisme, surtout si la mise à la reproduction coïncide avec la 1ère année de pâturage ; les jeunes animaux n’ont évidemment pas développé d’immunité contre les strongles digestifs ou respiratoires, aussi l’administration d’un médicament adapté, idéalement quatre à six semaines après la mise à l’herbe, est-elle fortement conseillée.
Dans des conditions climatiques convenables, c’est-à-dire avec une ingestion à peu près régulière d’herbe de qualité, et dans l’hypothèse où les génisses n’ont pas atteint un stade préjudiciable de sur engraissement, la reproduction au pâturage peut être envisagée avec de bonnes chances de succès.