Le lait « kéfir » est un lait fermenté probiotique, beaucoup plus riche que le yaourt, obtenu par addition de grains de germes variés (lactobacilles, autres bactéries lactiques et levures) à partir du lait frais de bonne qualité, exempt de germes et de cellules. Les grains de kéfir ou les germes pour le constituer se procurent dans les magasins spécialisés et peuvent même se partager entre utilisateurs (forums dédiés à sa culture). L’intérêt de son usage en élevage réside sur sa capacité à rééquilibrer les proportions de bactéries infectieuses et non-pathogènes qui composent la flore environnementale ou commensale. Ainsi, l’utilisation de kéfir oriente les écosystèmes bactériens vers des flores désirables et favorise la création de biofilms positifs.
De nombreux produits commerciaux opérant sur les mêmes champs d’action fleurissent sur le marché actuellement. En effet, qui n’a jamais entendu parler de solutions contenant des bactéries à épandre sur la litière afin d’accélérer son compostage et éviter les montées de température, de produits à mettre dans des pédiluves ou sur les pattes des animaux pour lutter contre la dermatite ? Tous visent à coloniser le milieu avec des bactéries non pathogènes afin de réduire la pression d’infection. L’avantage de ces préparations sont qu’elles sont utilisables directement, vendues « clé en main » et répondent au caractère pratique si recherché en ferme. Elles restent notamment stables (maîtrise de leur composition) et efficaces à faibles températures. Néanmoins, « pratique » rime rarement avec « économique » ! Et c’est là que le kéfir a sa carte à jouer !
Alors, parés à retrousser les manches et à confectionner une substance moins onéreuse mais tout aussi efficace ?
Pour une préparation sans encombre, il faudra veiller à respecter quelques recommandations préalables. Ainsi, le développement des ferments lactiques contenus dans le kéfir nécessite une température ambiante minimale et constante. Il faudra alors trouver une pièce où il n’y a pas de fortes variations de températures et où il fait globalement entre 15 et 20 °C (plus frais : pas de multiplication, plus chaud : risque d’avoir un kéfir qui caille et inutilisable). La fermentation nécessite un contenantavec un couvercle (protection contre les insectes pouvant tomber dedans) mais ne fermant pas de façon hermétique. Pour la première utilisation, il faudra anticiper sa conception qui requiert quelques jours. Les germes de kéfir sont des organismes vivants et donc réutilisables à l’infini à condition de les « nourrir ». L’avantage est que leur substrat ne risque pas de vous manquer puisqu’il s’agit de lait (veiller à utiliser du lait sain) ! Dernière précision : une hygiène rigoureuse lors de la manipulation est indispensable sous risque de contaminer le kéfir et le rendre impropre à son utilisation. Si votre kéfir change d’aspect, de texture, d’odeur, de couleur, une contamination par d’autres bactéries s’est certainement produite, il faudra jeter la totalité du contenu et recommencer une culture initiale après nettoyage soigné de la cuve de fermentation.
Maintenant que vous connaissez les rudiments de l’élaboration de cette substance, quels usages pratiques pourriez-vous tester pour votre élevage ?
Si vos veaux sont sujets aux troubles digestifs, l’ensemencement de leur tube digestif peut avoir un usage préventif ou curatif des diarrhées. Ainsi, on peut substituer une partie de la buvée par du kéfir. En général, on remplace entre 10 à 25 % du volume total de lait par du kéfir en fonction de l’âge des veaux et du mode d’administration (attention, plus le mélange contient du kéfir, plus il y a de risques de boucher les tétines !). Certains éleveurs administrent du kéfir dès la naissance, avant même le colostrum, toujours avec cet objectif de coloniser le milieu interne de « bonnes bactéries ».
Si ce sont des germes d’environnement responsables de boiteries ou encore de mammites qui impactent vos animaux, le kéfir peut alors être utilisé sur la litière/les logettes afin de faire évoluer la flore, diminuer la pression d’infection et ainsi assainir le bâtiment.