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Fourrages & pâturageRéchauffement climatique

Éleveurs viande : Compensez un manque de fourrages par de la paille

par Florian BLOT

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Selon les conditions de sécheresse, ce qui est de plus en plus courant avec le réchauffement climatique, et du déficit fourrager constaté, la paille peut être un bon palliatif pour satisfaire les besoins des animaux du troupeau allaitant. C’est un fourrage encombrant et peu digestible. Mais bien complémenté, il s’avère une ressource intéressante, utilisable dans les rations de bovins. Ainsi, si votre bilan fourrager montre un deficit, vous pouvez utilizer de la paille pour vos animaux !

Toutes les pailles disponibles sont distribuables, sous réserve qu’elles aient été récoltées sèches et stockées au sec !

 

Tout type de paille convient à l’affouragement des bovins, sous réserve qu’elle ait été récoltée sèche et qu’elle soit stockée à l’abri des intempéries.

Valeurs alimentaires de différentes pailles (/ kg de MS) 

Paille

UEB

UFL ou UFV

PDIN (g)

PDIE (g)

P abs (g)

Ca abs (g)

Avoine

1,70

0,50 – 0,39

20

48

0,50

1,40

Orge

1,80

0,58 – 0,48

24

46

0,50

1,40

Blé

1,80

0,42 - 0,31

22

44

0,50

0,80

Pois

1,27

0,53 – 0,42

42

60

0,50

2,00

Source : tables INRA 2007

 

Les valeurs énergétiques ci-dessus correspondent à des pailles distribuées seules et correctement complémentées en azote et en minéraux.

Les valeurs alimentaires de ces pailles sont cependant variables notamment lorsqu’elles ne sont pas correctement complémentées. En effet, leur dégradabilité dans le rumen n’est pas optimale et donc ces valeurs nutritives ne sont pas atteintes.

Les pailles d’orge et surtout d’avoine ont une meilleure digestibilité.

A noter que la paille de pois est un bon fourrage. Sa digestibilité est supérieure de 26 % à celle d’une paille de blé pour la même teneur en cellulose brute. Ces bonnes valeurs nutritives, notamment en énergie et azote, la rendent intéressante.

 

Nourrir les micro-organismes du rumen pour améliorer la digestibilité de la paille

 

La paille est un aliment pauvre en sucres solubles, en matières azotées, en minéraux et en vitamines. Il faut donc apporter en complément l’azote soluble et les glucides fermentescibles qui font défaut.

Ainsi, il est donc possible de complémenter les rations avec :

  • Des céréales.

  • Des concentrés azotés (tourteaux de soja, colza, …)

  • Des sous-produits bien pourvus en azote et en sucres solubles (Corn Gluten Feed humide ou sec, drèches, …)

  • Des solutions liquides (5 à 10 % de la quantité de paille) enrichies ou non en mélasse et urée. Et réfléchir au mode de distribution et au stockage)

La consommation de paille est maximale lorsque la ration contient autour de 25 % d’aliment concentré dans la ration. Si la quantité de concentré est inférieure, les micro-organismes du rumen manquent de nutriments azotés et ont une moins bonne activité. A l’inverse, au- delà de 30 % de concentré dans la ration, celui-ci se substitue à la paille dont la consommation diminue.

 

D’autres facteurs modifient sensiblement l’ingestibilité des pailles

 

D’autres facteurs modifient sensiblement l’ingestibilité des pailles, à savoir :

  • Celles qui ont mûri par temps frais sont mieux ingérées que celles mûries par temps chaud.

  • Celles contenant des adventices sont mieux consommées.

  • Une grande variabilité de la consommation en fonction de l’espèce et des variétés, sans pour autant pouvoir les expliquer.

  • Ni les traitements fongicides, ni les raccourcisseurs ne semblent avoir d’effet sur la digestibilité et l’ingestibilité des pailles.

 

De la paille pour des génisses d’élevage et des vaches allaitantes

 

La paille peut remplacer une part importante des fourrages manquants. Elle peut constituer le principal fourrage de la ration chez les génisses âgées de plus de 15 mois ou chez des vaches allaitantes avant le 8ème mois de gestation à condition qu’elles aient pu être rentrées en bon état corporel.

Dans le cas contraire, il est recommandé d’associer d’autres fourrages plus riches pour satisfaire correctement les besoins des animaux.

Exemple de rations (en kb/bruts) : 

 

 

De la paille pour les bovins à l’engraissement

 

Pour les catégories d’animaux à besoins élevés, la quantité de concentrés dans la ration est nécessairement importante, dépassant nettement les 50 % de MS ingérée. Des règles spécifiques doivent être appliquées pour éviter des troubles digestifs et métaboliques :

  • Ne brisez pas les brins longs de la paille. Limitez le hachage ou la lacération qui réduit la fibrosité de la ration. Réduisez le temps de malaxage avant distribution dans le cas d’une distribution par mélangeuse distributrice.
  • Distribuez la paille à volonté, fractionnée en plusieurs repas (pour inciter les animaux à consommer).
  • Répartissez les consommations de concentré dans la journée. Au-delà de 7 à 8 kg/jour, fractionnez la distribution en 3 ou 4 apports ou passez en ration complète. L’addition de bicarbonate de sodium (150 à 200 g/jour) et de magnésium (30 à 50 g/jour) est recommandée pour prévenir les risques d’acidose.
  • Réalisez une transition alimentaire progressive et lente. Les animaux s’habituent lentement à la paille. Il faut compter 1 à 2 mois pour que leur consommation de paille atteigne son maximum.

 

Exemple de ration pour jeune bovin charolais (18 mois – 720 kg vif – 420 kgc)

Ingrédients

Quantité (kg brut / jour)

Paille

1,50

Pulpes sèches

8,50

Tourteau soja 48

1,20

CMV 20-5

0,08

(Sources : Institut de l’Elevage )

 

 

 

 

 

 

 

 

Exemple de ration pour jeune bovin charolais – (17 mois – 720 kg vif – 420 kgc)

Ingrédients

Quantité (kg brut / jour)

Paille

2,20

Blé aplati

7,00

CAMV cellulosique

2,50

(Sources : Institut de l’Elevage )

 

 

 

 

 

 

 

Dans le cadre de ces deux exemples de rations sèches, vous devez rester vigilant quant au coût de la ration, d’autant que les matières premières sont achetées.

Quelques derniers repères utiles pour remplacer 10 tonnes de foin !

 

Un dernier point qui peut vous être utile : l’équivalence avec le foin.
Pour remplacer 10 tonnes de foin, il faut :

  • 7 tonnes de paille + 20 qtx de céréales + 8 qtx de t. colza
    ou
  • 7 tonnes de paille + 32 qtx d’aliment complet à 16 % MAT

Ainsi, dans des conditions de sécheresse et de manque de fourrages, la paille reste un aliment bien utile. Vous devez bien évidemment connaître le niveau du déficit fourrager et adapter les rationnements en fonction de votre troupeau et de votre système, tout en mesurant les incidences économiques. Mais pour toutes ces questions là, nos conseillers viande réalisent et analysent vos bilans fourrages et vous aident à faire les bons choix stratégiques !

 

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