Des éleveurs se posent parfois la question d’alléger leur protocole de traite pendant la période de pâturage. Dans un précédent article, nous avons vu que la mise à l’herbe n’est pas forcément synonyme d’amélioration de la santé mammaire. (cf "Pas de mammites, ni de cellules au pâturage : vérité ou idée reçue ?")
En effet, cela dépend de chaque élevage et notamment de l’origine des mammites et cellules. Qu’en est-il alors du protocole d’hygiène à la traite ?
Alléger le protocole de traite pendant la période de pâturage ? Non. L’adapter ? Oui !
Prenons l’exemple d’un élevage où circule une bactérie à réservoir mammaire, comme le staphylocoque doré. Les pratiques de traite auront un effet important sur la prévention des mammites et cellules. Alors que le logement des vaches (bâtiment ou pâture) n’impactera pas ou peu la santé mammaire. Ainsi, réduire son protocole d’hygiène à la traite pourrait avoir des conséquences très importantes.
Le protocole ne doit donc pas être allégé, mais il peut être adapté. En effet, lorsque les vaches sortent, il est possible qu’elles traversent des zones boueuses, et qu’elles soient plus sales qu’en bâtiment, où leur propreté peut être maîtrisée grâce à l’entretien de la litière. Ainsi le nettoyage des trayons nécessitera d’être plus minutieux.
Par ailleurs, au printemps les jours peuvent encore être froids, venteux ou humides. La peau des trayonsest agressée et s’assèche. On observe alors des gerçures, voire des crevasses, qui sont d’excellents réservoirs pour abriter des bactéries responsables de mammites. Certaines vaches peuvent être sensibles aux UV du soleil : là aussi la peau des trayons est agressée. Dans ces cas-là, on pourra utiliser un post-trempageplus cosmétique que celui utilisé habituellement. Il faut garder les vaches à l’abri du vent pendant une demi-heure après la traite, pour que le produit de post-trempage soit sec. Attention également à enlever tous les objets présents dans les pâtures et qui pourraient engendrer des blessures sur la mamelle et les trayons (fils barbelés, tas de bois, branches cassées).
Ne pas négliger le logement, même si les vaches sont dehors, les transitions alimentaires… et les mouches !
Même si les vaches sont dehors, il faut continuer à entretenir le logement, pour prévoir une éventuelle rentrée urgente des animaux à cause de la météo. Dans le cas d’une aire paillée par exemple, il est indispensable de la curer comme à l’habitude (avant que la température de la litière ne dépasse 35°C). Si les vaches sont dehors jour et nuit, il est nécessaire de curer complètement l’aire paillée pour éviter que la litière ne se composte. Car si les vaches y accédaient de nouveau après quelques jours ou semaines, la litière non entretenue serait très contaminante et les conséquences catastrophiques pour les mamelles.
En pâture, ne pas laisser l’accès à des zones où du fumier a été stocké pendant l’hiver, ou à des zones de distribution de fourrage qui s’en retrouvent souillées.
Pour ne pas affaiblir l’immunité des vaches, il est important de bien gérer la transition de la mise à l’herbe, notamment sur le plan alimentaire (éviter l’excès d’azote).
Enfin, l’arrivée des beaux jours rime avec l’arrivée des mouches. Celles-ci peuvent transporter des bactéries de trayon en trayon, notamment des staphylocoques à coagulase négative. C’est un point qui fait partie intégrante de la prévention des mammites et cellules (cf article "Comment gérer les mouches au printemps ?" ).
En bref : adapter le protocole et bien hydrater les trayons !
Lors de la mise à l’herbe, l’allègement du protocole d’hygiène de traite présente un certain nombre de risques, qu’il vaut mieux éviter. Néanmoins comme c’est une période de transition, le protocole peut être adapté pour mieux répondre nouvelles conditions dans lesquelles se trouvent les vaches. Dans tous les cas, maintenir l’hydratation des trayonsfavorisera une peau lisse et donc une surface d’accueil des bactéries réduite. Pour rappel, le premier objectif d’un trempage en fin de traite est d’assurer cette hydratation.
Article co-écrit avec Mathilde Chauvat, Experte qualité du lait Seenovia