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Agriculture bioVeaux & Génisses

Une nounou pour vos veaux ?

par Nadège GODFROY

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L’élevage des veaux sous nourrices n’est plus une pratique anecdotique. Le changement de règlementation en agriculture biologique concernant l’accès à l’extérieur des veaux contribuera aussi certainement à démocratiser encore un peu plus cette façon de fonctionner. Mais de quoi parle-t-on au juste et pour quels résultats ?

Une vache pour plusieurs veaux

Le principe est simple : il s’agit de faire élever de deux à quatre veaux par une vache nourrice, qui n’est plus traite. Dans la pratique, le veau commence par une période de vie avec sa mère, d’une durée variant de quelques jours à plusieurs semaines. La deuxième étape dépend des élevages : certains éleveurs enlèvent le veau de leur mère et le passent au lait entier, d’autres omettent cette étape. Pour ceux qui passent par la case « lait entier », l’objectif est d’une part d’envoyer la mère en salle de traite et d’autre part d’habituer le veau au contact avec l’Homme. Enfin, la dernière phase, et pas la moindre, est l’étape d’adoption du veau par une nourrice.

Cette étape d’adoption est cruciale. Il faut laisser le temps à la nourrice et au veau de faire connaissance et de tisser une relation de confiance. Pour cela, il est primordial de les mettre dans un box isolé pendant une semaine pour faciliter l’approche. Une fois que le couple est bien formé, ils peuvent ensuite être lâchés au parc, tout en s’assurant les quinze premiers jours que le veau tête bien. Même si la nourrice s’occupe du petit, il reste conseillé de passer quotidiennement les voir afin, notamment, d’habituer le veau à la présence humaine. Autrement, la suite de l’élevage risque d’être compliquée.

Comment choisir les nourrices ?

Premier critère : il faut que les nourrices soient calmes et acceptent plusieurs veaux. Idéalement, on évite que ça soit la mère d’un des veaux car elle a plus de risques de rejeter les autres pour privilégier le sien. Souvent, les nourrices sont des vaches sorties du circuit de traite pour des problèmes de cellules ou de quartiers mal conformés. Les tétées répétées permettent de solliciter la mamelle et de vider les quartiers plus régulièrement qu’en système de traite : parfois les nourrices peuvent repartir dans le troupeau des vaches traites à la lactation suivante, leurs problèmes cellulaires réglés, mais ce n’est pas systématique.

Quels sont les bénéfices de cette méthode d’élevage ?

Le premier avantage est une simplification du travail de l’éleveur. La charge de travail reste globalement la même : la surveillance remplace la distribution du lait. Ensuite, cela permet de valoriser le lait produit (voire de limiter le lait non commercialisable) tout en diminuant les concentrés distribués aux veaux. Les études menées notamment par l’INRAE de Mirecourt montrent de bonnes croissances des veaux élevés sous nourrices, qui leur permettent d’inséminer plus tôt les génisses et de limiter les besoins en fourrages. Côté parcellaire, les nourrices peuvent valoriser des pâtures non accessibles aux vaches laitières. Sur le poste sanitaire, la qualité du lait des nourrices peut s’améliorer avec cette pratique. L’aspect parasitologie des veaux est encore en cours d’étude. Enfin, les nourrices servent d’adultes référents pour les veaux et les élèvent (littéralement).

Une dernière anecdote. Les veaux élevés par des adultes sont plus débrouillards. Dans les essais de l’INRAE de Marcenat, deux groupes ont été mis au parc sur des paddocks d’herbe fraiche et d’herbe épiée (un lot témoin de veaux élevés seuls et un lot de veaux élevés avec des adultes). Le lot témoin a mis 24 heures avant de trouver l’herbe fraiche alors que le deuxième lot a mis seulement 3 minutes !

Si ce mode d’élevage des veaux qui se déploie de plus en plus dans les campagnes vous intéresse, rapprochez-vous des collègues qui le pratiquent déjà pour profiter de leur expérience.

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