Le soufre joue plusieurs rôles indispensables dans le métabolisme des plantes : synthèse de certains acides aminés, formation des structures de la photosynthèse, synthèse des acides gras et de quelques vitamines. Il est présent dans le sol essentiellement sous forme organique : entre 60 et 95 % du soufre total se trouve donc dans l’humus, dans les résidus de culture ou dans les organismes du sol. La forme disponible pour les plantes est le sulfate (SO42-). Par conséquent, comme l’azote, sa mise à disposition pour les cultures nécessite une minéralisation.
Les besoins des cultures
Les quantités nécessaires sont variables en fonction des cultures, mais ce sont les cultures fourragères qui ont les besoins les plus élevés.
Exigence | Cultures | Besoins en kg SO3/ha |
Forte | Crucifères, légumineuses et graminées fourragères | 100 - 200 |
Moyenne | Céréales à paille, maïs, betterave sucrière et fourragère | 50 -100 |
Faible | Les autres | 20 - 50 |
Source Comifer
Les sources de soufre
Le soufre est présent dans les effluents d’élevage, mais sa teneur n’apparait pas dans les analyses classiques. Voici quelques valeurs repères issues des données d’Arvalis.
Type d’effluent | Kg SO3/t de produit brut |
Fumier de bovins | 1 à 2,5 |
Lisiers de porcs | 0,7 à 1,5 |
Fumiers de volailles | 3 à 4 |
Source Arvalis
Dans les parcelles qui reçoivent des apports organiques réguliers la minéralisation de la matière organique est suffisante à satisfaire les besoins des cultures, même les plus exigeantes.
La carence en soufre se manifeste plus fréquemment dans les sols à faible minéralisation (argilo-calcaires superficiels ou sols pauvres en matières organiques) et à la sortie des hivers très pluvieux. Elle se manifeste par des jaunissements, comme celle de l’azote, mais contrairement à cette dernière, elle apparait sur les plus jeunes feuilles et non pas sur les plus âgées. Mais la carence en soufre est sournoise : l’effet négatif sur le rendement se manifeste avant l’apparition des symptômes.
Dans nos élevages donc, les parcelles les plus à risque sont les plus éloignées du corps de ferme pour deux raisons : elles reçoivent souvent moins d’apports que les autres et, dans le cas des prairies, elles sont les plus souvent fauchées et exportées. Il faut aussi faire attention aux prairies de luzerne et de trèfle. Le fait qu’elles n’ont pas besoin d’azote pourrait nous faire oublier que les effluents apportent aussi d’autres éléments fertilisants importants, notamment le soufre en plus des autres.
Et si on observe des carences
Si la quantité d’effluents n’est pas suffisante pour toutes les surfaces et les taux de matière organique faibles sur certaines, on pourrait observer des symptômes de carence suite à un hiver très pluvieux. Dans ce cas on pourrait envisager des apports. Les produits les plus utilisés et autorisés en Agriculture Biologique sont la kiéserite et le patenkali (plus couteux).
Produit | Dose (q/ha) | K2O | MgO | SO3 |
Kiéserite | 1.5 - 2 |
| 25 | 50 |
Patenkali | 1.5 - 3 | 30 | 10 | 43 |
Pour éviter la perte du soufre par lessivage pendant l’automne ces produits doivent impérativement être distribués en sortie hiver. Comme toujours, pour vérifier l’efficacité du produit utilisé et prendre du recul sur ses pratiques, il est toujours conseillé de laisser une bande témoin sans apport.