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Cellules & mammites

Mammites et cellules : contre qui on se bat ?

par Dr Vét Vincent CHAUMARD

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Les problèmes de mammites et cellules sont multifactoriels. Beaucoup de facteurs de risques entrent en jeu : l’environnement des vaches, les pratiques de traite, l’eau et l’alimentation, le renouvellement, la conduite des jeunes, les protocoles de détection et de traitement des infections… La liste est longue ! Dans tous les cas, on retrouve des agents pathogènes qui déclenchent les mammites et les cellules. Ceux-ci sont nombreux également. Il s’agit principalement de bactéries, mais cela peut aussi être d’autres micro-organismes particuliers comme des algues (Prototheca) ou des levures (Candida).

Pour agir, il faut connaître son ennemi !

Chaque agent pathogène est associé à des facteurs de risques propres. Ainsi, on les classe souvent dans deux catégories : « réservoir mammaire » ou « réservoir environnemental ». Et il y en a même qui sont mixtes ! Connaître l’agent qui circule dans votre troupeau vous permettra de mettre en œuvre les bonnes mesures de prévention et donc d’agir de manière efficace.

Par exemple, inutile de curer plus souvent l’aire paillée si le problème est essentiellement dû à Staphylococcus aureus (réservoir mammaire). A l’inverse, si c’est Escherichia coli qui est présent (réservoir environnemental), vos pratiques de traite auront beau être irréprochables, cela ne changera rien, si la litière est contaminante. Enfin, il faudra parfois jouer sur deux tableaux, comme c’est le cas avec Streptococcus uberis (réservoir mixte).

Le maître mot : analyser !

Faire des analyses est donc le point de départ de tout plan d’action pour résoudre une problématique de mammites ou de cellules. Vous pouvez recourir à deux types d’analyses différentes, qui ont chacune leurs particularités et leur intérêt, mais qui ne vous donneront pas les mêmes informations. Elles sont donc complémentaires. Il s’agit d’une part de la PCR et d’autre part de la culture bactériologique.

Quoi faire pour éviter d’avoir des mammites ou des cellules ?

L’analyse PCR recherche l’ADN des agents pathogènes qui nous intéressent. Cette analyse se fait de préférence sur du lait de mélange : soit sur le lait de tank, soit sur un lait de petit mélange (par exemple en mélangeant le lait des quelques vaches écartées du tank). L’intérêt de le faire sur le lait de tank est d’obtenir une sorte de « photographie » de ce qui circule dans le troupeau. Mais quand beaucoup de vaches sont écartées du tank, on peut parfois passer à côté de certains agents pathogènes. Le prélèvement sur ces vaches-là peut alors venir en complément du prélèvement de tank.

L’analyse est facilement interprétable, même quand il y a plusieurs bactéries présentes. Il est possible aussi de déterminer celles qui sont majoritaires ou minoritaires, pour ainsi hiérarchiser le plan d’action (selon leur degré de gravité également, bien sûr). Contrairement à la culture bactériologique, cette analyse permet aussi d’identifier facilement des agents qui poussent difficilement dans les conditions standards (les mycoplasmes par exemple).

En bref, si votre question est « qu’est-ce que je dois faire pour éviter d’avoir autant de mammites/cellules ? », alors c’est cette analyse qu’il faut choisir !

 

Comment traiter les mammites ?

 

La culture bactériologique se fait sur un échantillon de lait individuel d’un quartier d’une vache en mammite. Le prélèvement doit être fait avant tout traitement. Cette analyse va permettre d’identifier la bactérie en cause pour cette mammite et également de réaliser un antibiogramme. Celui-ci permet de connaître les éventuelles résistances aux antibiotiques, afin d’adapter le traitement (prescription par votre vétérinaire traitant). L’antibiogramme n’est pas réalisable avec l’analyse PCR (ci-dessus), excepté pour la résistance à la Pénicilline G, qui correspond à un gène bien identifié et qui est recherché. Dans le cas d’une vache avec plusieurs bactéries, le résultat de la culture n’est parfois pas interprétable. Ou encore il peut être stérile, parce qu’il s’agit d’un agent pathogène qui ne pousse pas facilement en culture.

 

Cette analyse vous sera donc utile si vous vous posez la question « Comment je traite mes mammites ? ». Il faudra néanmoins répéter l’analyse sur plusieurs vaches, car une seule vache n’est pas forcément représentative de tout le troupeau. Enfin, cette analyse est à privilégier quand on a un tank < 150 en cellules, avec un troupeau sans vaches infectées chroniques et essentiellement des mammites cliniques (profil purement environnemental).

A qui s’adresser ?

Pour la culture bactériologique (lait individuel), il faut vous adresser à votre vétérinaire traitant. Attention, le prélèvement doit être acheminé rapidement vers le cabinet ou le laboratoire et sous couvert du froid.

Pour la PCR, vous pouvez vous adressez auprès de votre conseiller d’élevage, qui vous fournira un kit BactérioDétect pour faire le prélèvement. Il y aura alors 15 agents pathogènes différents qui seront recherchés sur votre échantillon (ils correspondent à 99 % des mammites). Parmi ces 15 agents, on retrouve les bactéries les plus fréquemment identifiées : les staphylocoques (doré ou ceux à coagulase négative), des streptocoques, E. coli, des entérocoques… Mais également des bactéries moins fréquentes comme Serratia marcescens, Klebsiella, Corynebacterium bovis, Trueperella pyogenes, les mycoplasmes, ou encore les algues et les levures évoquées plus haut. Le résultat vous sera ensuite transmis par un vétérinaire-conseil de Seenergi, avec des pistes de travail à mettre en œuvre en prévention.

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